Tintenelle de confrérie de chariton XVIIe
en bronze à patine brune. Ornée d’une frise d’acanthes sur l’épaulement, elle est rehaussée de filets saillants et porte le nom et la date « PIERRE FICHET 1651 ». Prise évidée. Normandie. XVIIe siècle. H: 25 cm
adjugé 1500 € en 2009
Extrait librement de la publication de l’Association « Histoire du Val de Pîtres »
« Les charités, ou confréries de charité, sont des associations de laïcs destinées essentiellement à assurer les inhumations ; au cours des siècles cependant, leur rôle s’est diversifié et elles ont participé directement aux liturgies, tout en assumant une forme d’aide sociale.
Nées de la nécessité d’ensevelir les morts et de donner aux funérailles une solennité marquant le passage de la vie terrestre à une autre vie dans un autre monde, les charités se sont créées au Moyen-Âge, sans doute dès le Xe- XIe siècle . Mais les premières mentions de leur existence sont du XIIe siècle : il faut abandonner l’idée que les charités sont apparues à l’époque des grandes épidémies des XIVe et XVe siècles, et notamment au moment de la grande Peste noire de 1348-1351. Ce n’est certainement pas pendant les périodes de surmortalité que l’on pouvait trouver dans une paroisse assez de frères de charité pour des enterrements qui, en plus, constituaient un risque de contagion maximale. C’est la thèse de Catherine Vincent*.
Les charités se développèrent surtout à la fin du XVe siècle après la Guerre de Cent ans, quand, le calme revenu, il fut possible de réorganiser les structures sociales, politiques et religieuses.
Toutes les funérailles et la plupart des fêtes donnaient lieu à des processions au cours desquelles les charitons portaient des vêtements spécifiques.
La pièce essentielle du costume était le chaperon, sorte de large écharpe portée sur l’épaule gauche et fermée sur la hanche droite. Cette pièce de vêtement très ornée par des broderies d’or et d’argent, des galons, des cannetille portait sur le pan avant la qualité du frère et sur le pan arrière le nom de la charité et celui de la paroisse. Un médaillon, lui aussi très décoré, montrait le saint protecteur. Les chaperons étaient noirs, bleus, ou rouges.
L’ordre de marche des processions était le suivant :
En tête venait le tintenellier (ou cliqueteux ou clocheteux) qui agitait alternativement deux cloches, les tintenelles, pour rythmer la marche. Le tintenellier était revêtu d’un habit particulier : un tabar (ou dalmatique).
Derrière le tintenellier venait le porte-bannière dressant haut la bannière de la charité : celle-ci, en soie ou en velours, arborait l’image du saint patron de la charité en broderie ou en toile peinte ; figuraient également sur la bannière le nom de la charité, celui de la paroisse et sa date de création.
D’autres frères portaient des bâtons de charité, longs manches en bois terminés par une plate-forme sur laquelle était érigée la statuette du saint patron. Les charitons pouvaient aussi porter des croix de procession. »
* Vincent Catherine. Des charités bien ordonnées. Les confréries normandes de la fin du XIIIe siècle au début du XVIe siècle. Collection de l’Ecole Normale Supérieure de Jeunes Filles, Paris, 1988.